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Page:Charles Derennes Le peuple du pôle 1907.djvu/83

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le peuple du pôle

cacité de triompher au moins sur un point :

— En tout cas mes prévisions en ce qui concerne une température plus clémente se réalisent. Regarde le thermomètre…

Mais cela ne m’intéressait pas. Je me faisais l’effet d’être au bord d’un gouffre et de chanceler pris de vertige ; il aurait fallu pour m’empêcher de sombrer que Ceintras me fournît, — pareille à une branche où m’accrocher, — une explication rationnelle de l’étrange phénomène. Je l’interrompis et sur le ton suppliant d’un condamné à qui l’on a déjà refusé sa grâce et qui n’a plus qu’une ombre d’espoir :

— Mais cette lumière, dis-je, cette lumière ?…

— Attends un peu, me répondit-il avec quelque impatience ; nous arrivons, nous allons nous rendre compte…

Nous avions gagné, sans nous en apercevoir, une altitude assez élevée, la tiédeur relative de l’atmosphère qui nous entourait ayant été cause d’une dilatation progressive de l’hydrogène. Et nous pouvions voir au-devant de nous la neige blanche et grise sur une distance d’environ cinq cents mètres se colorer ensuite d’un reflet violet ; la ligne de démarcation entre la clarté pâle du pôle où nous naviguions encore et la surprenante zone lumineuse semblait d’une netteté parfaite,