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le peuple du pôle

soucié de me prémunir. Cependant, à mesure que nous avancions vers elle, la lueur envahissait de plus en plus l’horizon. Dès ce moment nous pouvions nous rendre compte de ce qu’il y avait en elle d’étrange et, pour mieux dire, de « jamais vu ». Aux yeux humains la flamme du soleil apparaît comme un calme et serein rayonnement de clarté uniforme ; au contraire, cette lumière-là n’était pas immobile ; on eût dit le reflet contre le ciel d’une immense torche invisible qui, par instants, eût vacillé ; d’autres fois de larges ondulations la parcouraient d’un bout à l’autre parallèlement au sol et elle ressemblait alors à un grand drapeau immatériel et étincelant dont le vent eût fait frémir l’étoffe.

— Ou’est-ce donc ? murmurais-je enfin d’une voix à peine distincte.

Mon compagnon me répondit par un geste tres vague, puis :

— Peut-être une aurore boréale, dit-il, une prodigieuse aurore boréale… ou un autre phénomène météorologique que l’on n’avait pas eu l’occasion d’observer avant nous…

Du reste, il ne paraissait pas trouver lui-même cette explication très satisfaisante ; sa physionomie exprimait à la fois l’inquiétude et l’irritation. Il ajouta, sans doute pour permettre à sa perspi-