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le peuple du pôle

bruit de ses pas ; quand le silence redevenait absolu, je m’apercevais soudain que mes yeux étaient ouverts… Il avait dû se passer quelque chose d’analogue. Je me rappelle m’être levé en sursaut, avoir regardé avec effarement tout autour de moi : Ceintras ronflait, calé dans un coin de la chambre de chauffe, le buste droit, les jambes étendues, les mains jointes, la bouche ouverte et le front creusé d’une ride : un sommeil pénible et qu’on devinait peuplé de cauchemars. Par les hublots entraient des flots de lumière violette : il faisait « jour ».

Puis ce fut une terrible angoisse : où étions-nous ? Qu’était devenu le ballon livré à lui-même pendant le temps peut-être long qu’avait duré l’inconscience de ses pilotes ? J’ouvris la porte… Le ballon reposait sur le sol, sur ce sol du Pôle où, la veille, nous n’avions pas osé atterrir. Dominant mon appréhension je descendis, fis le tour de la machine et un examen sommaire m’assura que nul organe n’avait souffert ; le moteur s’était arrêté uniquement faute d’essence ; l’enveloppe semblait un peu flasque, mais cela n’était rien et, sitôt que le moteur serait remis en marche, il suffirait d’ouvrir le robinet d’air chaud pour reprendre notre vol.

Je me disposais à aller réveiller Ceintras et à