Aller au contenu

Page:Charles Derennes Le peuple du pôle 1907.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
95
le peuple du pôle

— Eh bien ?

— Eh bien, j’ai eu celle nuit l’impression d’un sommeil analogue à celui où l’on tombe sous l’influence du chloroforme, d’un sommeil qui accable odieusement et durant lequel, si profond soit-il, on garde toujours une lueur de conscience pour se rendre compte qu’on est un esclave…

— On est comme entravé, ligotté par mille chaînes, on fait des efforts désespérés pour les rompre et l’on sait pourtant qu’il n’y a qu’à attendre le bon vouloir d’un maître…

— C’est cela ; et puis, pour comble, des cauchemars affreux se sont abattus sur moi…

— Quels cauchemars ?

— Comment te dire ? il me semblait que je tombais lentement dans quelque abîme sous-marin, au milieu de pieuvres gigantesques, et je sentais par instant contre ma peau le frôlement de leurs tentacules…

Il se recueillit une minute, puis :

— J’ai peut-être tort, dit-il, de parler de cauchemar : cela ressemblait moins à une chose rêvée qu’à une sensation réelle perçue dans une demi-conscience.

Je ne pus me garder d’un frisson ; les paroles de Ceintras avaient illuminé tout à coup en moi un souvenir obscur et, à présent, j’étais à peu près