Page:Charles Dumas - L’Ombre et les Proies, 1906.djvu/17

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Sois juste, voyageur. Tu ne peux pas prétendre
En ce chaume trouver le manoir où descendre
Pour y rester l’hiver.
Tu le sais, étranger, l’on a dû t’en instruire,
Pour avoir sa maison, il faut se la construire
Ou la payer très cher.


Si tu vas, plein de grave et sereine allégresse,
Au côté de ta femme, au bras de ta maîtresse
Satisfait et joyeux,
N’ayant d’autre désir que d’aller, de misère
Que le terme assigné par la loi nécessaire
Ou la bonté de Dieu ;


Si tu cours, malheureux, aux égouts noire des villes,
Salir tes nobles mains à des tâches serviles
Chaque jour, pour gagner
Le pain, le feu, le toit, le lit de ta famille,
Les couteaux de tes fils, les chapeaux de tes filles,
Le lait du dernier né ;