Page:Charles Dumas - L’Ombre et les Proies, 1906.djvu/18

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Si quelque moribond, saint abbé, te réclame,
Mordieu, dépêche-toi d’aller sauver son âme
Par un signe de croix !
Holà, houste, marchand, tu vas manquer l’affaire !
Sergent, ton régiment va partir pour la guerre.
— Ceci n’est pas pour toi.


Mais si meurtri, déçu, libre, écœuré, sauvage,
Ayant conquis le monde et rêvé davantage
Tu n’as plus soif de rien,
Pauvre homme dont on rit et qu’on blâme sans doute,
Tu ne t’es pas trompé, mon ami, c’est ta route,
Ce pays, c’est le tien !


Connais-tu pas ces champs banals que tu traverses ?
Là ce calvaire ; ici cette éternelle herse
Comme un songe oublié,
Qui guette le labour et tient toujours la terre
Sous la menace incorruptible et salutaire
De ses griffes d’acier ?