Page:Charles Dumas - L’Ombre et les Proies, 1906.djvu/213

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Deux suffiront, les deux plus forts, pour m’emporter
A travers la cité qui s’étire et qui jase
Comme un torrent gonflé des fourmis qu’il écrase.

Le beau monde, si tôt, ne sera pas levé ;
Les rêveurs songeront à ce qu’ils ont rêvé,
Des gens, comme toujours, iront au ministère,
Au magasin, à l’atelier ; des ouvrières
Prendront en se hâtant leur essor matinal,
Bavardant, s’esclaffant, ou seules, anxieuses,
Lisant la fin des aventures merveilleuses
Qui arrivent souvent sur le Petit Journal

Prenez par les quartiers fourmillants, populeux,
Où toujours la fumée obscurcit le ciel bleu.
Ne vous retournez pas. Pas un mot ; sortez vite,
Sortez enfin, sortez de la Ville maudite
Où, noirs bouffons narguant les premiers du royaume,
Les nécropoles rient au pied des hippodromes…