Page:Charles Dumas - L’Ombre et les Proies, 1906.djvu/214

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Vous irez devant vous, n’importe où, par les prés,
Les villages, les bois, les guérets, vous irez
Jusqu’à l’heure où d’un champ l’horizon circulaire
Vous fixera soudain au milieu de la terre.

Ce sera vers le soir, au coucher du soleil
Qui rend l’éteule rose et les hommes vermeils.
Déjà le soc brillant comme un éclat de verre
Sera là de nouveau : ce sera la saison
Des meules vieillissant près des jeunes sillons.
Et comme toute ordure et toute pourriture
Est un engrais joyeux pour la bonne nature,
Vous creuserez un trou, vous m’y mettrez tout nu,
Et là du moins, profond, solitaire, inconnu,
Tout au délicieux évanouissement
Plus nombreux, plus divin de moment en moment,
Qui fera, comme un peu de substance féconde,
Couler toute ma chair dans les veines du monde,
Peut-être, conscient à demi, vaguement,
Sentirai-je, — moi qui pour unique richesse
Ayant mon cœur, souffris toujours de ma tendresse