Page:Charles Fourier Théorie des quatre mouvements 2nd ed 1841.djvu/26

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Dieu a donné à l’Homme des Attraits ou Passions de divers ordres qui le constituent Homme et qui sont le mobile de tous ses actes. (Nous défions que l’on cite un seul acte possible, librement accompli, qui n’ait un attrait, matériel, moral, rationnel ou religieux, pour cause déterminante.)

Depuis l’Attrait le plus matériel jusqu’à l’Attrait du Sentiment religieux le plus élevé, toutes les Passions sont susceptibles de produire le Mal ou de produire le Bien, de provoquer des actes subversifs ou des actes harmoniques. C’est ce que Fourier appelle la Dualité d’Essor.

Confondant les Essors subversifs de la Passion avec la Passion elle-même, la Morale a posé en principe que les Passions étaient mauvaises et devaient être comprimées. Fourier soutient qu’il faut leur ouvrir des voies de satisfaction légitime et de développement harmonique, qu’elles ne sont point mauvaises de leur nature, et qu’il est infiniment plus intelligent et plus sage de les utiliser, de les engager dans la voie du Bien, que de songer purement et simplement à les comprimer en les laissant engagées dans des voies mauvaises.

Eh bien ! nous le demandons, à quel homme de sens fera-t-on croire que cette réhabilitation de la Passion, basée sur la considération de l’essor harmonique et providentiel de la Passion, soit une justification des essors faux et subversifs de la Passion ?

Vous prétendez, nous disent nos adversaires, que les Passions peuvent toutes, dans des Conditions sociales qu’il s’agirait de déterminer et de réaliser, produire autant de Bien qu’elles produisent aujourd’hui