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Page:Charles Fourier Théorie des quatre mouvements 2nd ed 1841.djvu/404

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que le négociant a laissés pourrir pour avoir attendu trop longtemps une hausse ; moi-même j’ai présidé, en qualité de commis, à ces infâmes opérations, et j’ai fait, un jour, jeter à la mer vingt mille quintaux de riz, qu’on aurait pu vendre avant leur corruption avec un honnête bénéfice, si le détenteur eût été moins avide de gain. C’est le corps social qui supporte la perte de ces déperditions, qu’on voit se renouveler chaque jour à l’abri du principe philosophique : Laissez faire les marchands.

Supposons que, d’après ce principe, une riche compagnie de marchands accapare dans une année de famine, comme 1709, les grains d’un petit état, tel que l’Irlande, lorsque la disette générale et les prohibitions de sortie dans les états voisins rendront presque impossibles les approvisionnements extérieurs. Supposons que la compagnie, après avoir rassemblé tous les grains qui étaient en vente, refuse de les céder, à moins d’une augmentation triple et quadruple, en disant : « Ce grain est notre propriété ; il nous plaît d’y gagner quatre fois plus qu’il ne nous a coûté ; si vous refusez de le payer sur ce pied, procurez-vous d’autres grains par le commerce. En attendant il se peut que le quart du peuple meure de faim, mais peu nous importe, nous persistons dans notre spéculation, selon les principes de la Liberté commerciale, consacrée par la philosophie moderne. »

Je demande en quoi les procédés de cette compagnie différeraient de ceux d’une bande de voleurs ; car son monopole forcerait la nation entière, sous peine de