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de l’Océan Indien et sur les marchés de l’Ounyanyembé ; il suffit de fermer aux esclavagistes la route des caravanes pour rendre, impossible la continuation de leur commerce. Or le lac Tanganika, avec ses cinq cents kilomètres, suffit à barrer le chemin, s’il est bien défendu. Il ne faut qu’un vapeur armé sur ses eaux, des troupes volantes à ses extrémités et, pour cela, cent Européens suffisent[1], en leur adjoignant, pour former des milices régulières, les noirs déjà chrétiens ou catéchumènes de nos missions.

Mais si le nombre est faible, en revanche, la qualité doit être excellente.

Entendez ceci, jeunes gens. Il ne s’agit pas d’envoyer, au milieu des noirs, des hommes qui cherchent les aventures ou qui fuient les conséquences de celles qu’ils ont pu avoir. Le remède serait plus dangereux que le mal. L’immoralité, l’indiscipline, le scandale, car tout cela va bientôt de concert, accompagneraient ces prétendus volontaires et nous reverrions les désordres qui ont désolé longtemps l’Amérique. Ce qu’il faut donc, ce sont des hommes, dignes, non seulement par leur courage et leur vigueur, mais encore et surtout par leurs vertus, par leur foi, par une vie tout entière sans reproche, d’une mission aussi noble.

Du reste, un règlement complet et précis fera bientôt connaître toutes les conditions pratiques de ces engagements[2].

  1. C’est le même chiffre que le commandant anglais Cameron, qui a été sept ans en Afrique, demande à l’Angleterre pour protéger la région du Nyassa.
  2. On a parlé de la reconstitution pour l’Afrique, d’un ordre militaire, celui de Malte. On en a même prêté la pensée au Vicaire de Jésus-Christ. Rien n’est plus faux ; il n’a, je n’ai moi-même, jamais eu cette pensée. Nous laissons à l’avenir le soin de décider s’il se présentera, après expérience faite, des vocations de ce genre et ce qu’il conviendrait de faire pour elles. Mais le temps presse et je ne demande aux catholiques belges, qu’une simple milice chrétienne, librement formée, pour défendre comme on l’a vu, en Europe, dans nos dernières guerres, sous l’autorité de Dieu, des lois et de ceux qui gouvernent en leurs noms, l’honneur du nom chrétien, de leur patrie et de l’humanité.