Page:Charles Peguy - Cahiers de la Quinzaine 3e serie vol 1-4 - Jaurès -1901.djvu/376

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efficacement qu’elle intervint en 1848 et 1849. Je ne sais si la force réunie des étudiants et des ouvriers socialistes russes suffira, d’assez longtemps encore, à imposer au tsarisme une constitution libérale. Mais le tsarisme, contrarié par bien des résistances intérieures et préoccupé sans doute de s’assurer au dedans, ne pourrait pas déployer en Europe l’action extérieure qu’il déploya il y a un demi-siècle. En tout cas, tout ce que le tsarisme a voulu empêcher en 1848 s’est accompli, ou du moins est bien près de s’accomplir. La Russie avait voulu maintenir l’Italie morcelée sous le joug de l’étranger : elle est libérée de l’Autriche et libérée du pape. Et la classe ouvrière devient une des principales forces de vie de la nation ressuscitée. — la Russie avait voulu prévenir l’établissement de la démocratie en France, même sous la forme napoléonienne. Or, c’est la démocratie républicaine qui est installée en France et qui y est désormais invincible. L’action économique et politique de la classe ouvrière organisée y croît lentement, mais sûrement. — En Belgique, la constitution est de plus en plus inclinée vers la démocratie, et le prolétariat approche sa main du suffrage universel. — En Allemagne, par une de ces merveilleuses ironies de l’histoire qui attestent la force invincible de la démocratie, on peut dire