Page:Charles Peguy - Cahiers de la Quinzaine 3e serie vol 1-4 - Jaurès -1901.djvu/436

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dominent tout le système de la production, arrêteront à la fois le travail. Si, par exemple, les ouvriers de chemins de fer, les ouvriers mineurs, les ouvriers des ports et des docks, les ouvriers métallurgiques, les ouvriers des grands tissages et des grandes filatures, les ouvriers du bâtiment dans les grandes villes arrêtaient simultanément le travail, il y aurait vraiment grève générale. Car pour qu’il y ait grève générale, il n’est point nécessaire que la totalité des corporations entre en ligne, il n’est même pas nécessaire que dans les corporations qui participent au mouvement, la totalité des ouvriers fasse grève. Il suffit que les corporations où la puissance capitaliste est le plus concentrée, où la puissance ouvrière est le mieux organisée, et qui sont comme le nœud du système économique, décident la suspension du travail, et il suffit qu’elles soient écoutées par un nombre d’ouvriers tel que, pratiquement, le travail de la corporation soit suspendu.

A la grève générale ainsi entendue, on ne peut objecter ni qu’elle est chimérique ni qu’elle serait inefficace. à mesure que s’étend l’organisation ouvrière, ces mouvements d’ensemble deviennent possibles. Et s’ils se produisent, ils peuvent exercer sur les classes dirigeantes un effet profond. Ce n’est plus une corporation, si puissante qu’elle soit, qui