REMARQUES.
Le conte du petit Chaperon rouge est, si on veut, une allégorie, où les séducteurs de filles sont peints sous les traits du loup. Beaucoup de contes populaires ont la même morale, sans offrir un dénouement aussi tragique. On conte, dans le Finistère, qu’une jolie villageoise rencontra au coin d’un bois un jeune homme, dont elle écouta les doux propos ; elle s’en laissa même embrasser. Mais lorsqu’elle rentra chez elle, on se récria avec effroi sur sa figure qui était noire et flétrie : l’amant qu’elle avait écouté était un démon, dont le souffle lui avait perdu le visage.
Dans presque toutes les campagnes, on fait aux petits enfans des contes où on les menace du loup, pour les empêcher de s’égarer au loin. Sans parler des loups naturels, qui sont dangereux en certains pays, il y avait autrefois, comme nous l’avons dit, des loups-garous qui sont le type de ces compères dont on effraie nos jeunes années.
On voit, dans ce conte, une bête qui parle ; mais du reste point de féerie. Dans les pièces qu’il a inspirées, on a employé ordinairement le merveilleux. On a fait du chaperon rouge une toque enchantée, à la conservation de laquelle tient la vertu et le bonheur de la jeune fille ; et le loup est simplement un séducteur. La meilleure pièce que ce conte nous ait donnée, et qu’on regarde avec raison comme un chef-d’œuvre, est l’opéra de M. Théaulon, représenté en 1818, sous le titre du Petit Chaperon rouge. Rodolphe le loup est un seigneur féodal, qui mérite son surnom en ra-