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ET LES FLAGELLÉS DE PARIS

rieux ; elle était la fleur des pois des salons ; son existence était un rêve doré ; enviée et jalousée par toutes les femmes, elle n’avait qu’à sourire pour vaincre et triompher.

Eh ! bien,tout cela s’est évanoui comme un château de cartes. Pour quelle cause ?

Un jour ou un soir, la princesse rencontra un de ces nomades, tziganes bohémiens, que l’Exposition de 1889 a mis à la mode, nommé prosaïquement Rigo, qui, affublé d’une veste de hussard, soutachée de brandebourgs de mauvais goût, râclait un malheureux violon, qui gémissait humilié sous l’archet malhabile du saltimbanque exotique, mendigot comme tous ses semblables, sans art, sans talent, sans morale et sans amour-propre !

Son cerveau fut soudainement frappé d’amnésie ; elle oublia tout, abandonna tout pour suivre à travers le monde l’homme-poisson que le public a si vertement conspué dans les premiers jours de mars 1902 pour avoir eu l’audace d’exhiber ses écailles sur la scène des Folies-Bergère.

Si l’ex-princesse était dans la salle, elle a dû rougir de l’accueil des spectateurs ; après cela, peut-être a-t-elle pris les sifflets méprisants pour une ovation.

Tout Paris élégant, aristocratique et mondain se souvient de la princesse de M… A… Alliée aux