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ET LES FLAGELLÉS DE PARIS

aussitôt entrée dans la chambre, elle pose le seau à côté du lit, elle rassemble ces herbes en un faisceau, elle en lie les tiges avec un fort ruban, et, sans souffler un mot, elle se met à flageller sa maîtresse, à tour de bras ; cette dernière s’agite, se tord, pousse des cris inarticulés, alors, Lucienne sort du seau, une douzaine d’affreux crabes, poilus, à pinces acérées, grouillants, car ils viennent de sortir de la mer, elle les prend un à un, et les place délicatement sur le dos de sa maîtresse, à l’endroit où elle vient de la flageller ; les crabes, voraces, à l’odeur de cette chair fraîche, dont le sang marbre la peau, restent d’abord immobiles, eux qui ne vivent que de cadavres pourris, mais peu à peu, quand ils sont tous réunis,ils se mettent à courir, cherchant le meilleur point, pour mordre ou pour pincer, ils se battent, se heurtent, se bousculent dans une sorte d’ivresse ; quand l’un d’eux tombe, Lucienne le ramasse et le remet sur le champ de bataille ; la lutte dure un bon quart d’heure, pendant lequel la flagellée crie à l’aide, au secours et implore que l’on lui donne à boire, pour calmer le feu qui la dévore, mais, Lucienne a ordre de ne pas répondre,jusqu’au moment psychologique, enfin il arrive…

Comme ces crabes doivent être bons à manger !