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LES FLAGELLANTS

– Bien,va chez Dominica, prends ta lanterne, pour ne pas te casser le cou, et dis-lui qu’il m’apporte mes amants.

Cette chambre noire, carrée, est éclairée par une large baie ; comme elle est située au deuxième étage, quand la baie est ouverte, les bruits les plus lointains viennent s’y condenser, et donner la sensation d’un bourdonnement confus, indéfinissable ; les murs sont tapissés, du haut en bas, de grandes draperies de velours noir, bordées de larges galons d’argent ; le lit de milieu, est garni de draps de satin également noir. La chambre n’est éclairée que par une petite suspension, qui donne une lumière blafarde, en raison du globe couleur vert véronèse, qui protège le lumignon. Tout cet ensemble a un aspect funéraire, qui donne le frisson ; pendant que Lucienne est allée accomplir sa mission chez Dominica, elle se déshabille entièrement nue, s’étend à plat ventre sur le lit, et attend.

Peu d’instants s’écoulent, Lucienne revient, portant à la main droite, un paquet d’algues marines, du goémon à longues tiges flexibles, des fucus crispus et des fucus vesiculosus, à feuilles épaisses, chargées de verrues, le tout exhale une odeur d’iode, de chlorure de sodium, âcre, pénétrante ; de la main gauche, elle tient un seau en porcelaine, fermé d’un couvercle, qui paraît assez lourd ;