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LES FLAGELLANTS

en même temps que le duc, pris pour amant de cœur, un jeune avocat, secrétaire d’un député de l’opposition.

Malgré que M. de M… fût jeune et élégant, spirituel, elle le subissait comme ses pareilles celui qui paye, elle disait cyniquement :

— Je ne lui ai pas juré fidélité, il satisfait ma gueule, mais le reste ?…

Le reste, c’était la part de Jules. Aussi, chaque fois qu’elle en avait l’occasion, elle s’en payait à cœur joie, discrètement toutefois, car elle voulait bien tromper le duc, mais ne pas le perdre.

Une nuit, le duc de M… oublia son portefeuille dans la chambre à coucher d’Hortense. Quand le lendemain, sa femme de chambre le lui remit, son premier soin fut de l’ouvrir et de lire les papiers qu’il contenait.

Parmi ces papiers, il y avait une longue lettre de Napoléon III donnant à M. de M… ses dernières instructions pour le coup d’État du 2 Décembre, qui devait s’accomplir le lendemain.

Hortense, qui était d’une intelligence rare, comprit immédiatement l’importance de sa découverte. Aussitôt elle songea à son Jules, le jeune avocat : s’il allait lui arriver malheur ?

Sans perdre une seconde, elle fit appeler son amant, et lui donna rendez-vous au cabaret du