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ET LES FLAGELLÉS DE PARIS

mais un joli plat, elle lâcha le vieux magistrat ; c’est à ce moment, que, cherchant une place, elle s’égara au Moulin-Rouge.

Sa disparition du Harem cosmopolite du Boulevard de Clichy fut expliquée : elle s’était laissée séduire par les offres trompeuses d’un rastaquouère qui avait l’arrière-pensée de la faire travailler ; cet homme était souteneur et voleur à la fois. Pincée avec une bande de ses pareilles, la pauvre enfant, bien innocente, fut arrêtée et enfermée à la prison de Saint-Lazare sous la prévention de complicité de vol et de racolage, elle fut traduite en cour d’assises. Le hasard est un grand maître, le conseiller qui présidait, était précisément le magistrat à la crème. On peut juger de leur stupéfaction mutuelle lorsqu’ils se reconnurent tous deux.

Que dut-il se passer dans le cœur de cet homme ? Pas grand’chose, car pas un muscle de son visage ne broncha et c’est avec une sérénité parfaite qu’il l’interrogea : on la sentait condamnée à l’avance, elle le fut malgré une plaidoirie remarquable.

Il y aurait des réflexions philosophiques à tirer de cette histoire, car le cas n’est pas isolé.

Tout le monde se souvient du fameux président Delesvaux qui occupait à la neuvième chambre du Tribunal correctionnel de Paris, lequel, en 1871 fut trouvé chez lui, rue d’Amsterdam la tête fra-

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