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LES FLAGELLANTS

la vérité, car l’engouement pour cette hétaïre aux cheveux roux, aux jambes en manches de veste, aux bras d’araignée, ne pourrait s’expliquer s’il n’y avait des dessous.

Les dessous c’étaient des talents intimes et personnels.

L’Empereur Napoléon III, qui avait été renseigné par un de ses amis qui la connaissait par expérience, voulut, à la suite de la représentation des Bouffes-Parisiens, passer une nuit avec elle ; il lui dépêcha, comme ambassadeur, le général Fané, pourvoyeur en titres. Comme bien on le pense, les pourparlers ne furent pas longs, il ne fut pas question de prix, car elle connaissait la générosité du souverain.

Le général lui demanda des arrhes, elle lui répondit : « Pas de ça, Lisette, mais je vais te faire voir les trois poissons. »

Aussitôt elle ouvrit son peignoir : « Tu vois, lui dit-elle, ceci est la barbue » ; puis se tournant, elle ajouta : « Voici la raie » ; alors elle le prit par le bras et le planta devant l’armoire à glace, en lui disant : « Voilà le maquereau ! Et je t’assure qu’il n’y en a pas de pareils aux halles et qu’ils ne sont pas conservés dans la glace. »

Le soir convenu, elle fut introduite aux Tuileries. Soit qu’elle eût mal digéré son dîner, soit qu’elle