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ET LES FLAGELLÉS DE PARIS

plus de cinq millions, quoique n’émargeant que cent cinquante francs par mois. Marthe était plus forte que le fameux sous-lieutenant de La Dame Blanche.

Marthe était, comme on dit vulgairement, une fille à poils.

Vers les dernières années de l’Empire, son duel à coups de cravache avec Cora Pearl, fit un tapage infernal dans le monde de la haute gomme. La cause en fut assez curieuse et n’est pas connue.

Les deux femmes étaient en délicatesse pour un étranger fort riche ou du moins qui passait pour tel, il se disait Arménien et se faisait appeler le prince Khoras.

Depuis longtemps elles cherchaient à se rencontrer. Un matin, toutes deux se promenaient dans la grande allée, l’une montait, l’autre descendait. Elles coururent l’une sur l’autre avec une furie sans égale, les coups de cravache tombaient dru comme grêle, les spectateurs n’intervinrent pas. Après un combat qui dura un bon quart d’heure, les deux adversaires, lassées, meurtries, durent s’arrêter. Cora Pearl sortit de cette affaire en si fâcheux état qu’elle fut plus de deux mois sans pouvoir quitter sa chambre.

L’épilogue de cette rivalité rappelle la fable de l’Huître et les Plaideurs : le fameux Arménien