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LES FLAGELLANTS

Marthe de Vère, vrai nom Esther Mordet, fut une favorisée ; peu de femmes eurent une plus brillante fortune : d’une très bonne famille, instruite, bien élevée, jolie à ravir, elle se fit enlever par un officier qui la lâcha quelques mois plus tard.

Dans ses pérégrinations, elle rencontra un Anglais colossalement riche, sir Robert Persil, allié à la famille des Northumberland.

L’Anglais devint éperdument amoureux de Marthe ; il lui fit le royal cadeau d’un million placé en rentes sur l’État, il lui acheta un hôtel aux Champs-Élysées.

Malgré cela, elle regrettait toujours son officier, son premier amour ; pour se consoler, elle débuta dans un drame à la Porte-Saint-Martin. Elle fut si abominablement mauvaise dans son rôle, qu’elle fut sifflée outrageusement ; jamais on ne vit plus horrible tempête, excepté toutefois la représentation des Funérailles de l’Honneur, et à celle de Zacharie où Frédérick Lemaître fut si remarquable.

Ce début orageux ne la découragea pas. Elle resta au théâtre, cinq ou six ans, jouant toutes les pannes dont personne ne voulait ; c’est que les planches pour elle étaient une réclame permanente, et surtout fructueuse à ce point qu’elle y gagna