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ET LES FLAGELLÉS DE PARIS

de chambre, il se coiffe d’une opulente perruque blonde et revêt un costume sévère, en satin noir, il ajuste sur son nez des lunettes d’or : ainsi accoutré, toujours précédé de Sarah, il se dirige du côté de la classe, et ils font leur entrée au milieu du plus profond silence. Les élèves ne lèvent pas les yeux.

Alors, Sarah présente la maîtresse de pension, toutes les élèves se lèvent et saluent.

Le comte de B. monte en chaire et leur fait un discours sur la morale, puis il leur dit : « Mesdemoiselles, avant de commencer la classe, nous allons ensemble prier Dieu, afin qu’il vous couvre de sa protection pour que vous sachiez bien vos leçons et que vous restiez sages et obéissantes à vos parents ».

Alors, il descend majestueusement de sa chaire, décroche un des martinets, dont il est parlé plus haut, et, avec le plus grand sérieux du monde, un questionnaire à la main, il commence à interroger l’élève placée au pupitre numéro un :

— Mademoiselle, en quelle année et en quelle ville a été brûlée Jeanne d’Arc ?

Sans hésiter elle répond :

— À Beauvais, en dix-sept cent cinquante !

— Mademoiselle, dit-il, vous ne connaissez pas votre histoire, vous méritez d’être punie. Aussitôt, il retrousse la robe, les jupons et la