Page:Charles Virmaître - Les Flagellants et les flagellés de Paris.djvu/293

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
191
ET LES FLAGELLÉS DE PARIS

les matelassiers et les matelassières ; qu’il gèle, pleuve, vente, neige ou qu’il fasse une chaleur caniculaire, ils sont là, assis sur des pliants, ayant à leurs pieds une paire de cardes, deux longs morceaux de bois carrés et deux baguettes en noisetier extrêmement flexibles, en un mot les outils professionnels et traditionnels, car c’est la plus ancienne des corporations parisiennes. Ils attendent la pratique.

Un jour que M. V… passait place du Caire, il fut interpellé par une matelassière qui lui offrit ses services ; il n’en avait pas besoin, ne s’occupant pas d’affaires de ménage, mais néanmoins il contempla longuement les cardes aux dents acérées, puis il s’en alla songeur. Arrivé chez Catherine, il lui dit :

– Tiens-toi prête pour demain matin, huit heures, je viendrai te prendre dans mon coupé.

Il fut exact et elle aussi.

Quand elle vit la voiture s’engager dans ces dédales de rues grouillantes, véritable ruche ouvrière, elle qui ne connaissait plus que les Champs-Elysées, route du Bois, elle ne put s’empêcher de lui demander :

– Où diable me conduis-tu ?

– A la grève des matelassiers, répondit-il.

– Mais je n’ai pas de matelas à faire faire, c’est mon tapissier qui se charge de ce soin.