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LES FLAGELLANTS

– Ça ne fait rien, nous y allons tout de même, et nous y sommes.

Ils descendirent de voiture. Tous ces pauvres travailleurs, voyant des gens « de la haute », quittèrent leurs pliants et se précipitèrent obséquieusement en disant à Catherine :

– Madame, je bats la laine sans y laisser un atome de poussière ; madame, j’ai des cardes neuves qui peignent le crin comme de la fine soie ; madame, il n’y a que moi sur la place de Paris pour savoir coudre un matelasà baguette ; madame, prenez-moi, un matelas bien fait, moelleux, souple, rebondissant est une invite à l’amour.

Sans écouter ce déluge de paroles, il alla droit à une vieille femme dont l’estomac volumineux retombait en cascade sur un ventre fantastique. Elle avait le nez rouge comme une pivoine ; d’un madras, jadis violet, qui lui servait de coiffure, s’échappaient des mèches de cheveux gris, raides comme des baguettes de tambour ; bref, elle présentait un ensemble repoussant, tout l’aspect d’une vieille ivrognesse, du nez duquel tombaient, goutte à goutte, des roupies larges comme des pièces de vingt sous.

Étes-vous disponible ? dit-il à la matelassière.

– Oui, mon bon monsieur.