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LES FLAGELLANTS

ment composée des cochers, des valets de chambre et des femmes de chambre des grandes maisons, qui y viennent, chaque matin, potiner sur leurs maîtres, entre un verre de vin blanc ou un mêlé cassis ; on y en entend de belles, de vertes et de pas mûres, c’est une vraie salade de médisances, de malveillances et de malfaisances, la domesticité se venge d’être obligée d’obéir pour vivre.

Mme R… se rendit dans les crémeries de ces quartiers et, après de longs pourparlers, obtint des femmes de chambre, à prix d’or, qu’elles lui procureraient les… cheveux qui adhéreraient aux éponges servant aux toilettes intimes.

Elle les classe et les annote suivant leur nuance avec le nom de leur propriétaire.

On avouera que voilà un singulier… herbier.

Giusti autrement dit Giulia Barucci, était vraiment le type ou même le prototype de la fille.

Elle le disait d’ailleurs à tout propos, et sa plus grande joie était de dire avec son fort accent italien : « Je souis oune poutain, mais je souis la plus belle poutain du monde entier ».

C’était exact. Elle était belle, grande, élancée, quoique un peu replète ; son corps marmoréen était surmonté d’une tête relativement petite, couverte d’une splendide chevelure, sous les frisons de laquelle deux grands yeux, qui flamboyaient cons-