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LES FLAGELLANTS

type et sa passion ; il m’a emmenée, et je t’assure, ma vieille, qu’il a payé plus de deux sous pour tâter comme à la foire aux pains d’épices. Ouvre bien tes quinquets pour lire ce qui suit. Il m’épouse, mon Dieu oui, il m’épouse. Tu vois d’ici, et tu comprends mon étonnement. Je me pince pour croire que je suis éveillée et que je ne rêve pas ; je vais être une dame, et une grande dame encore, au lieu de mendier un bock ou une soupe à des mufles qui se foutaient de ma gueule. Je vais avoir chevaux et voitures, hôtel, villa, château, femmes de chambre, valets, en un mot tout le diable et son train. Une pauvre putain comme moi qui errait de lit en lit, je vais en avoir un pour moi toute seule !

» Et cela grâce à la nature.

» On disait sous l’Empire, pour embêter l’impératrice, que le Q menait au trône, parce que l’omnibus qui porte cette lettre va de Charenton à la barrière du Trône. J’ignore si ce mauvais calembour était vrai, mais de moi on pourrait dire que cette lettre conduit à la fortune que je ne pourrais m’en froisser.

» Mais il y a un mais, un véritable cheveu. Quand les camarades vont apprendre ma chance, elles sont foutues de vouloir me faire chanter ; je leur ai écrit tant de lettres que mon miché de futur mari pourrait bien en avoir vent ; il faut qu’à tout