Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/117

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Que vous osez, sans achoison.
Tourmenter aucun vray amant
Qui, de cueur et d’entencion.
Sert Amours sans condicion ?
Certes moult estes à blasmer,
Pensez doncques de l’amender.
En laissant vostre malvueillance,
Et, par treshumble repentance,
Alez crier mercy à ceulx
Que vous avez fais douloreux,
Et qui vous ont trouvé rebelle.
Autrement pour seur vous tenez
Que de gage je vous appelle,
S’ à Léauté ne vous rendés.
     Vous estes tous temps mal pensant,
Et plain de faulse soupeçon ;
Ce vous vient de mauvais talant
Nourry en courage felon.
Quel mal ou ennuy vous fait on,
Se par amours on veult amer,
Pour plus aise le temps passer
En lyée, joyeuse Plaisance ?
C’est gracieuse Desirance.
Pource, faulx, vilain, orgueilleux,
Changiez vos vouloirs oultragieux,
Ou je vous feray guerre telle
Que, sans faillir, vous trouverés
Qu’elle vauldra pis que mortelle,
S’ à Léauté ne vous rendés.


BALLADE XLV.

     Se Dieu plaist, briefment la nuée
De ma tristesse passera,