Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/140

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Et, non pourtant, estrangement
Tout est rompu, c’est à refaire.


ENVOI

     Amour, ordonnez tellement
Que j’aye cause de me taire.
Sans plus dire de cueur dolent :
Tout est rompu, c’est à reffaire.


BALLADE LXV.

     Plaisant Beauté mon cueur nasvra,
Jà pieçà, si tresdurement
Qu’en la fievre d’Amours entra,
Qui l’a tenu moult asprement ;
Mais, de nouvel, presentement,
Ung bon médecin qu’on appelle
Non Chaloir, que tiens pour amy.
M’a guery, la sienne mercy,
Se la playe ne renouvelle.
     Quant mon cueur tout sain se trouva,
Il l’en mercia grandement
Et humblement lui demanda
S’en santé seroit longuement ?
Il respondy tressagement :
« Mais que gardes bien ta fourcelle
Du vent d’Amours qui te fery,
Tu es en bon point jusqu’à cy,
Se la playe ne renouvelle.
     L’embusche de Plaisir entra
Parmy tes yeulx soutivement ;
Jeunesse le mal pourchassa,