Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/165

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Finer mes jours. Ce penser fort me poise
Dessus le cueur, quant j’en ay souvenance,
Mais, Dieu mercy, loing suis de sa puissance,
Presentement je ne la crains en riens,
N’en son dangier aucunement me tiens.
En oultre plus, sachiés que vous renvoya
Confort, qui m’a conduit la droite voye
Vers Nonchaloir, dont je vous remercie
De sa bonne, joyeuse compaignie,
En ce fait, à vostre commandement,
De bon vouloir et tressoingneusement ;
Auquel vueilliez donner foy et fiance
En ce que lui ay chargié, en créance,
De vous dire plus plainement de bouche.
Vous suppliant qu’en tout ce qui me touche,
Bien à loisir, le vueilliez escouter,
Et vous plaise me vouloir pardonner
Se je n’escris devers vostre Excellence,
Comme je doy, en telle révérence
Qu’il appartient, car c’est par Non Savoir
Qui destourbe d’acomplir mon vouloir.
En oultre plus, vous requérant mercy,
Je congnois bien que grandement failly,
Quant me party derrainement de vous,
Car j’estoye si rampli de courrous
Que je ne peu un mot à vous parler,
Ne mon congié, au partir, demander.
Avecques ce, humblement vous mercie
Des biens qu’ay euz soubz vostre seigneurie.
Autre chose n’escris, quant à présent.
Fors que je pry à Dieu, le Tout Puissant,
Qu’il vous ottroit honneur et longue vie,
Et que puissiez tousjours la compaignie
De faulx Dangier surmonter et deffaire,
Qui en tous temps vous a esté contraire.