Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/166

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Escript ce jour troisiesme, vers le soir,
En novembre, ou lieu de Nonchaloir.
Le bien vostre, Charles duc d’Orlians,
Qui jadis fut l’un de voz vrais servans.


BALLADE VIII.

     Balades, chançons et complaintes
Sont pour moy mises en oubly,
Car Ennuy et pensées maintes
M’ont tenu long temps endormy.
Non pour tant, pour passer Soussy,
Essayer vueil se je sauroye
Rimer, ainsi que je souloye.
Au moins j’en feray mon povoir.
Combien que je congnois et sçay
Que mon langage trouveray
Tout enroillié de Nonchaloir.
      Plaisans parolles sont estaintes
En moy qui deviens rassoty ;
Au fort, je vendray aux attaintes.
Quant Beau Parler m’aura failly.
Pourquoy pry ceulx qui m’ont oy
Langagier, quant pieçà j’estoye
Jeune, nouvel et plain de joye,
Que vueillent excusé m’avoir.
Oncques mais je ne me trouvay
Si rude, car je suis, pour vray,
Tout enroillié de Nonchaloir.
      Amoureux ont parolles paintes
Et langaige frais et joly ;
Plaisance dont ilz sont accointes
Parle pour eulx ; en ce party
J’ay esté, or n’est plus ainsy ;