Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/179

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


BALLADE VII.

     N’a pas longtemps qu’escoutoye parler
Ung amoureux, qui disoit à s’amye :
« De mon estat plaise vous ordonner,
Sans me laissier ainsi finer ma vie ;
Je meurs pour vous, je le vous certiffie. »
Lors respondit, la plaisante aux doulx yeulx :
« Assez le croy, dont je vous remercie.
Que m’aymez bien, et vous encores mieulx.
     Il ne fault jà vostre pousse taster ;
Fievre n’avez que de merencolie,
Vostre orine ne aussi regarder ;
Tost se garist legiere maladie,
Medicine devez prendre d’Oublye ;
D’autres ay veu trop pis, en plusieurs lieux,
Que vous n’estes, et, pource, je vous prie
Que m’aymez bien, et vous encores mieulx.
     Je ne vueil pas de ce vous destourber
Que ne m’amiez de vostre courtoysie ;
Mais que pour moy doyez mort endurer,
De le croire ce me seroit folye ;
Pensez de vous, et faittes chiere lye ;
J’en ay ouy parler assez de tieulx
Qui sont tous sains, quoyque point ne desnye
Que m’armez bien, et vous encores mieulx.


ENVOI

     Telz beaulx parlers ne sont en compaignie
Qu’esbatemens, entre jeunes et vieulx ;
Contente suis, combien que je m’en rye,
Que m’aymez bien, et vous encores mieulx. »