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Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/180

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BALLADE VIII.

     Portant harnoys rouillé de Nonchaloir,
Sus monture foulée de Foibiesse,
Mal abillé de Désireux Vouloir,
On m’a croizé, aux montres de Liesse,
Comme cassé des gaiges de Jeunesse ;
Je ne congnois où je puisse servir ;
L’arriereban a fait crier Vieillesse,
Las ! fauldra il son soudart devenir ?
     Le bien que puis avecques elle avoir
N’est que d’un peu d’atrempée sagesse ;
En lieu de ce, me fauldra recevoir
Ennuy, Soussy, Desplaisir et Destresse ;
Par Dieu ! Bon Temps, mal me tenez promesse,
Vous me deviez contre elle soustenir,
Et je voy bien qu’elle sera maistresse,
Las ! fauldra il son soudart devenir ?
     Foibles jambes porteront Bon Vouloir,
Puis qu’ainsi est endurant en humblesse.
Prenant confort d’un bien joyeulx espoir.
Quant, Dieu mercy, Maladie ne presse.
Mais loing se tient, et mon corps point ne blesse ;
C’est ung trésor que doy bien chier tenir,
Veu que la fin de menasser ne cesse,
Las ! fauldra il son soudart devenir ?


ENVOI

     Prince, je dy que c’est peu de richesse
De ce monde ne de tout son plaisir :
La mort depart ce qu’on tient à largesse,
Las ! fauldra il son soudart devenir ?