Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/183

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ENVOI.

     Voisent faire jeunes gens leurs essaiz,
Car reposer je me vueil desormaiz ;
Plus cure n’ay de pensée soingneuse,
Comme lassé de la guerre amoureuse.


BALLADE XI.

     Yeulx rougis, plains de piteux pleurs,
Fourcelle d’espoir reffroidie,
Teste enrumée de douleurs,
Et troublée de frenésie,
Corps perclus sans plaisance lie,
Cueur du tout pausme en rigueurs,
Voy souvent avoir à plusieurs
Par le vent de merencolie.
     Migraine de plaingnans ardeurs,
Transe de sommeil mipartie,
Fievre frissonnans de maleurs,
Chault ardant fort en reverie,
Soif que Confort ne rassasie,
Dueil baigné en froides sueurs,
Begayant et changeant couleurs.
Par le vent de merencolie.
     Toute tourmentant en langueurs.
Colique de forcenerie,
Gravelle de soings assailleurs,
Rage de désirant folie,
Anuys enflans d’ydropisie,
Maulx ethiques aussi ailleurs
Assourdissent les escouteurs,
Par le vent de merencolie.