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Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/185

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Bien sçay qu’y vivray soubrement.
Sans grant espargne de liesse.


ENVOI

     Le temps passe comme le vent,
Il n’est si beau jeu qui ne cesse,
En tout fault avoir finement,
Sans grant espargne de liesse.


BALLADE XIII.

     Je, qui suis Fortune nommée,
Demande la raison pourquoy
On me donne la renommée
Qu’on ne se puet fier en moy
Et n’ay ne fermeté ne foy ?
Car, quant aucuns en mes mains prens,
D’en bas je les monte en haultesse
Et d’en hault en bas les descens,
Monstrant que suis Dame et maistresse.
     En ce, je suis à tort blasmée,
Tenant l’usage de ma loy
Que de long temps m’a ordonnée
Dieu, sur tous le souverain Roy,
Pour donner au monde chastoy.
Et, se de mes biens je despens
Souventesfoiz, à grant largesse,
Quant bon me semble, les suspens,
Monstrant que suis Dame et maistresse.
     C’est ma manière acoustumée,
Chascun le scet, comme je croy,
Et n’est pas nouvelle trouvée,