Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/186

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Mais, fays ainsi comme je doy.
Me mocquant, je les montre au doy
Tous ceulx qui en sont mal contens ;
En gré pregnent joye ou destresse,
Qu’ayent l’un des deux me consens,
Monstrant que suis Dame et maistresse.


ENVOI

     Sur ce, s’advise qui a sens,
Soit en jeunesse ou en vieillesse,
Et qui ne m’entent, je m’entens,
Monstrant que suis Dame et maistresse.


BALLADE XIV.

     Fortune, je vous oy complaindre
Qu’on vous donne renom, à tort,
De savoir et aider et faindre,
Donnant plaisir et desconfort ;
C’est vray, et, encore plus fort,
Souventesfoiz, contre raison,
Boutez de hault plusieurs en bas,
Et de bas en hault ; telz debas
Vous usez en vostre maison.
     Bien savez de Plaisance paindre
Et d’Espoir, quand prenez depport,
Après effacer et destaindre
Toute joye, sans nul support,
Et mener à douloureux port,
Ne vous chault en quelle saison.
Jamais vous n’ouvrez par compas ;
Beaucoup pis que je ne dy pas
Vous usez en vostre maison.