Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/205

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Plains de plaisir et de toute liesse,
Qui chascun d’eulx chierement nous en prie,
Venuz sommes en ceste mommerie,
Belles, bonnes, plaisans et gracieuses,
Prestz de dancer et faire chiere lye,
Pour resveiller voz pensées joieuses.
     Or bannissiez de vous toute peresse,
Ennuy, soussy avec merencolie,
Car froit yver, qui ne veult que rudesse,
Est desconfit et convient qu’il s’en fuye ;
Avril et May amainent doulce vie
Aveques eulx ; pource, soyez soingneuses
De recevoir leur plaisant compaignie,
Pour resveiller voz pensées joieuses.
     Venus aussi, la tresnoble Déesse,
Qui sur femmes doit avoir la maistrie,
Vous envoye de Confort à largesse,
Et Plaisance de grans biens enrichie,
En vous chargeant que de vostre partie
Vous acquittiés sans estre dangereuses ;
Aidier vous veult, sans que point vous oublie,
Pour resveiller voz pensées joyeuses.


BALLADE IV.

     Bien monstrez, printemps gracieux.
De quel mestier savez servir,
Car yver fait cueurs ennuieux,
Et vous les faittes resjouir ;
Si tost, comme il vous voit venir,
Lui et sa meschant retenue
Sont contrains et prestz de fuir,
À vostre joyeuse venue.