Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/209

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Dieu mercy, mais suis sain et fort,
Et passe temps en espérance
Que paix, qui trop longuement dort,
S’esveillera, et par accort
À tous fera liesse avoir.
Pource, de Dieu soient maudis
Ceux qui sont dolens de véoir
Qu’encore est vive la souris.
     Jeunesse sur moy a puissance,
Mais Vieillesse fait son effort
De m’avoir en sa gouvernance.
À présent faillira son sort.
Je suis assez loing de son port,
De pleurer vueil garder mon hoir ;
Loué soit Dieu de Paradis,
Qui m’a donné force et povoir ;
Qu’encore est vive la souris.


ENVOI.

     Nul ne porte pour moy le noir,
On vent meilleur marchié drap gris ;
Or tiengne chascun, pour tout voir,
Qu’encore est vive la souris.


BALLADE VIII.

     Puis qu’ainsi est que vous alez en France,
Duc de Bourbon, mon compaignon treschier,
Où Dieu vous doint, selon la desirance
Que tous avons, bien povoir besongnier ;
Mon fait vous vueil descouvrir et chargier
Du tout en tout, en sens et en folie ;