Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/220

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De garder mon jeu jusqu’à cy,
Ne je ne crains riens que Soussy.
     Car Soussy tant me descourage
De jouer, et va estouppant
Les cops que fiers à l’avantage !
Trop seurement est rachassant ;
Fortune si lui est aidant,
Mais Espoir est mon bon amy,
Ne je ne crains riens que Soussy.
     Vieillesse de douleur enrage
De ce que le jeu dure tant,
Et dit en son felon langage
Que les chasses dorenavant
Merchera, pour m’estre nuisant ;
Mais ne m’en chault, je la deffy,
Ne je ne crains riens que Soussy.


ENVOI.

     Se Bon Eur me tient convenant,
Je ne doubte, ne tant ne quant,
Tout mon adversaire party,
Ne je ne crains riens que Soussy.


BALLADE XVIII.

     Visaige de baffe venu
Confit en composte de vin,
Menton rongneux et peu barbu,
Et dessiré comme un coquin,
Malade du mal saint Martin,
Et aussi ront q’un tonnellet ;
Dieu le me sauve ce varlet !