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Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/226

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Du trop despendu en simplesse,
Ès mains de ma Dame Jeunesse.


ENVOI.

     Dieu en tout, par grace, pourvoye,
Et ce qui nicement fourvoye,
À son plaisir, en bien radresse
Ès mains de ma Dame Jeunesse !


BALLADE XXIII.

     Par les fenestres de mes yeulx
Le chault d’Amours souloit passer ;
Mais maintenant que deviens vieulx,
Pour la chambre de mon penser
En esté freschement garder,
Fermées, les feray tenir ;
Laissant le chault du jour aler
Avant que je les face ouvrir.
     Aussi en yver le pluvieux,
Qui vens et broillars fait lever,
L’air d’Amour epidimieux
Souvent par my se vient bouter ;
Si fault les pertuis estouper.
Par où pourroit mon cueur ferir ;
Le temps verray plus net et cler,
Avant que les face ouvrir.
     Désormais en sains et seurs lieux,
Ordonne mon cueur demourer,
Et par Nonchaloir, pour le mieulx,
Mon medicin, soy gouverner ;
S’Amour à mes huys vient hurter,