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Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/238

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De riens ne vous pevent valoir,
Et se les couchez en despence ;
Trop remaint de ce que fol pense.
     Voulez vous rompre vostre teste
Contre le mur ? ce n’est pas sens.
Il faut dancer, qui est en feste ;
Certes, autre raison n’y sens ;
Et pour ce là, je me consens
Que souffrez qu’Amours vous demaine ;
Grant bien ne vient jamais sans paine.
     Mais de voz doleurs raconter
Faittes bien, ainsi qu’il me semble,
Et les assommer et compter
Devant Amours ; car il ressemble
À l’ostellier qui met ensemble,
Et tout dedens son papier couche ;
Pour parler est faitte la bouche.
     De pieça je fuz en ce point.
Encore pis, loing d’allegence ;
Toutesfoiz ne vouluz je point
De moy mesmes faire vengence ;
Mais chauldement, par diligence,
Pourchassay et playday mon fait ;
Peu gangne celuy qui se tait.
     Et pource que la lettre dit
Qu’Amours veult que vers moy tirez,
De moy ne serez escondit,
S’aucune chose desirez
À vostre bien, quant l’escriprez ;
Paine mettray, d’entente franche,
Que l’ayez de croq ou de hanche.
     Combatez, d’estoc et de taille,
Vostre dure merencolie.
Et reprenez, commant qu’il aille,
Espoir, confort et chiere lie.