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Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/237

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Car croiez qu’ilz sont pas fains,
Ains pires avant plus que mains.
Puis me donnez, de vostre grace,
Je vous en pry à jointes mains,
Tel responce que, soirs et mains,
Tout mon vivant joyeulx me face.


RÉPONSE DU DUC D’ORLÉANS.

     Fredet, j’ay receu vostre lettre,
Dont vous mercie chierement,
Ou dedens avez voulu mettre
Vostre fait bien entièrement ;
Fier vous povez seurement
En moy, tout, non pas à demi,
Au besoing congnoist on l’ami.
     S’amour tient vostre cueur en serre,
Ne vous esbahissez en rien ;
Il n’est nulle si forte guerre
Qu’au derrain ne s’appaise bien ;
Amour le fait, comme je tien.
Pour esprouver mieulx vostre vueil
Grant joye vient après grant dueil.
     Se vous dittes : Las ! je ne puis
Une telle doleur porter ;
Je vous respons : Beau Sire, et puis
Vous en voulez vous depporter
Ou au Dieu d’amours rapporter ?
L’un des deux fault, se m’aist Dieux, voire :
Puisqu’il est trait, il le fault boire.
     Cuidez vous, par dueil et courroux,
Ainsi gangner vostre vouloir ?
Nennyl, ce ne sont que coups roux
Qu’Amours met tout en nonchaloir.