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Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/248

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Tous tes meffaiz metz paine d’amander,
Faisant chanter et dire mainte messe
Pour les ames de ceulx qui ont l’aspresse
De dure mort souffert, pour te servir ;
Leurs loyautez ayes en souvenance,
Riens espargnié n’ont pour toy garantir,
Trescrestien, franc royaume de France.
     Dieu a les braz ouvers pour t’acoler,
Prest d’oublier ta vie pecheresse ;
Requier pardon, bien te vendra aidier
Nostre Dame, la trespuissant princesse,
Qui est ton cry et que tiens pour maistresse.
Les sains aussi te vendront secourir,
Desquelz les corps font en toy demourance.
Ne vueilles plus en ton pechié dormir,
Trescrestien, franc royaume de France.
     Et je, Charles duc d’Orlians, rimer
Voulu ces vers, ou temps de ma jeunesse,
Devant chacun les vueil bien advouer,
Car prisonnier les fis, je le confesse ;
Priant à Dieu, qu’avant qu’aye vieillesse,
Le temps de paix partout puist avenir,
Comme de cueur j’en ay la desirance,
Et que voye tous tes maulx brief finir,
Trescrestien, franc royaume de France.


COMPLAINTE I.

Amour, ne vous vueille desplaire,
Se trop souvent à vous me plains,
Je ne puis mon cueur faire taire,
Pour la doleur dont il est plains.
Helas ! vueillez penser au moins