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Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/249

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Aux services qu’il vous a faiz,
Je vous en pry à jointes mains,
Car il en est temps, ou jamais.
     Monstrez qu’en avez souvenance,
En lui donnant aucun secours,
Faisant semblant qu’avez plaisance
Plus à son bien qu’à ses doulours ;
Ou me dittes, pour Dieu, Amours,
Se le lairrez en cest estat ;
Car d’ainsi demourer tousjours,
Cuidez vous que ce soit esbat ?
     Nennil, car Dangier qui desire
De le mettre du tout à mort,
L’a mis, pour plustost le destruire.
En la prison de Desconfort ;
Ne jamais ne sera d’accort
Qu’il en parte par son vouloir,
Combien que trop, et à grant tort,
Long temps lui a fait mal avoir.
     Et pour la tresmauvaise vie
Que lui fait souffrir ce villain.
Il est encheu en maladie,
Car de tout ce qui lui est sain
A le rebours, j’en suy certain.
En ceste dolente prison,
Ne sçay s’il passera demain
Qu’il ne meure sans guerison.
     Car il n’a que poires d’angoisse
Au matin, pour se desjeuner,
Qui tant le refroisdist et froisse
Qu’il ne peut santé recouvrer.
D’eaue ne lui fault point donner,
Il en a de larmes assez ;
Tant a de mal, à vray parler,
Que cent en seroient lassez.