Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/254

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Vos belles, blanches, doulces mains,
     Et vostre beaulté nompareille
Que véoye si voulentiers,
Plaine de doulceur à merveille,
Dont tous voz faiz sont si entiers
Qu’ilz ont esté les messaigiers
De me tollir, et près et loing,
Mes vouloirs et mes desiriers ;
Ainsi m’aid Dieu à mon besoing.
     Si vous supply, tresbonne et belle,
Qu’ayez souvenance de moy ;
Car, à tousjours, vous serez celle
Que serviray comme je doy ;
Je le vous prometz, par ma foy,
Du tout à vous me suis donné ;
Se Dieu plaist, je feray pourquoy
J’en seray tresbien guerdonné.


COMPLAINTE III.

     L’autrier en ung lieu me trouvay,
Triste, pensif et doloreux,
Tout mon fait, bien au long, comptay
Au hault Prince des amoureux,
Lequel m’a esté rigoreux
Ou temps que mon cueur le servoit ;
Et, ainsi qu’il me respondoit,
Souvenir, qui fut au plus près,
Ses ditz et les miens escripvoit
En la manière cy après :


L’AMANT.

     Helas ! Amours, de vous me plains ;