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Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/253

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(Parquoy eussiez eu, tant ne quant,
De blasme, ne de deshonneur)
Je sçay bien que, tout mon vivant,
Je fusse langui en doleur.
     En ce point et encore pire,
Alors de vous je me party,
Sans avoir loisir de vous dire
Les maulx dont j’estoye party ;
Touteffoiz, Belle, je vous dy
Qu’il vous pleust de vouloir penser
Que je vous avoye servi
Et serviroye sans cesser,
     Tant comme dureroit ma vie ;
Et, quant de mort seroye pris,
De m’ame seriez servie,
Priant pour vous en Paradis,
S’il en estoit en son devis ;
Et mes biens, mon cueur et mon corps,
Je les vous ay du tout soubzmis ;
Mais ça esté de leurs accors.
     Car il n’est nulle que je clame,
Ne qui se puist nommer, de vray,
Ma seule souveraine Dame,
Fors que vous, à qui me donnay
Le premier jour que regarday
Vostre belle plaisant beaulté.
De qui vray serviteur mourray,
En gardant tousjours loyaulté.
     Or, vueilliez donc avoir pensée,
Puis que lors j’avoye tel deuil,
Belle tresloyaument amée,
Qu’encore est plus grant le recueil,
Maintenant que, contre mon vueil,
Me fault estre de vous loingtains,
Et que véoir ne puis à l’ueil