Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/26

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« en estat du plus hault deuil, dit le Geste des nobles, qui devant eust esté veu. » Mais, comme le dit Juvénal des Ursins, « pour lors elle ne fit guères. » Elle avait pourtant en son nom et, « comme ayant la garde et gouvernement de ses enfants, » selon la formule qu’elle employa toujours, prêté serment au roi pour les diverses seigneuries de la maison d’Orléans. Charles, après s’être préparé de son mieux à la guerre facile à prévoir, et avoir notamment gagné l’alliance du duc de Bretagne, vint à Paris pour faire lui-même cet hommage de ses terres au roi. Sa mère l’avait précédé de quelques jours. Cette fois elle était arrivée le 27 août 1408, avec une suite qui était une armée. Le registre du conseil du roi dit que ce fut le lundi 28. « Elle arriva en une litière couverte de noir, à quatre chevaulx couverts de drap noir, à heure de vespres, accompaignez de plusieurs charios noirs pleins de dames et de femmes et de plusieurs ducs et comtes et gens d’armes. » « Environ huit jours après, écrit Monstrelet, Charles — il avoit été nommé comte d’Angoulesme jusqu’à la mort de son père — d’Orléans accompagné de 300 hommes d’armes — environ 1500 hommes — vint à Paris. » « C’étoit le 9e jour de septembre, dit Juvénal, le duc d’Orléans en bien humble estat, vestu de noir, tout droit s’en alla à Saint-Paul vers le roy pour lui demander vengeance de la mort de son père. » Valentine resta à Paris avec sa belle-fille. Si nous en jugeons par certains détails domestiques que nous livrent les litres et papiers de la maison d’Orléans, elle y demeura assez longtemps, plus longtemps même que je ne l’eusse supposé. En effet, Philippot Boulart, épicier, chargé de fournir l’hostel de Behaigne ou de Bohême, d’épiceries de chambre (dragées et sucreries) et qui paraît faire un commerce lucratif puisqu’il vend chaque jour une quinzaine de livres de cette épicerie, nous donne le compte de ce qu’il a livré en 1408 à Madame Valentine de dragées (à 10 sous la livre), de noix confites (à 7 sous la livre), de pignolet, de sucre rosat, etc., pour la fête du roi. Ce devait être le 4 novembre. Valentine mourut le 4 du mois suivant à Blois, « de courroux et de desplaisance de ce qu’elle ne pouvoit avoir justice de son feu bon seigneur et mari. »

Charles était depuis longtemps retourné à Blois. Nous l’y voyons au mois de septembre, s’occupant