Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/260

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Baille ton cueur, et prens le mien ; »
Et je changay joyeusement,
Et vous aussi si liement,
Et feïsmes loyal serment
Qu’avons tenu, je le sçay bien.
     Et est vray qu’oncques crestien
En amours n’eust autant de bien
(Gardant vostre honneur et le mien,)
Que j’ay eu, et sans avoir blasme :
Vo doulz acueil, vo doulx maintien,
Vostre plaisir que fust le mien.
Car sans cellui ne m’estoit rien.
Je le jure sur Dieu, sur m’ame.
      Si vous baillay le mien en garde.
            Belle Dame,
            Prenant charge
De vous loyaument servir,
Sans reprouche ne diffame,
            Sur mon arme.
Sans jamais de vous partir.
      Elas ! quant d’elle partoye,
            Je pensoye
            Quant pourroye
Bien tost vers elle venir ;
Nuit et jour je la sonjoye,
La veoye parler, aler et venir !
Tant espris d’elle estoye ,
Qu’en veillant je l’appelloye,
Puis que bien loing en estoye,
À soy cuidoye parler ;
Mais puis bien après veoye
            Que resvoye,
Me prenoye à plourer.
      Cest ducil m’estoit à porter,
Et bien aise endurer,