Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/261

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Car bien tost, du retourner
Me prenoit tresgrant talent ;
En elle si fort penser,
Ma joye renouveller
Me faisoit incontinent.
      Et quant venir n’y povoye,
Entre deux lui rescripvoye,
Son nom et le mien mectoye
Escript bien estrangement ;
Et puis quant je la véoye,
Dieu scet quel chiere j’avoye
Recueilly joyeusement.
      Puis nous faillu esloingner
L’un de l’autre, guermenter,
            Car Dangier,
Plusieurs autres mesdisans
Nous firent tant endurer,
            Et plourer.
            Tourmenter,
Oncques puis n’eusmes bon temps.
      Et puis entre autre gent
Failloit, en nous esloingnant,
À plusieurs autres parler,
Avoir autre pensement,
Muer la couleur souvent,
Sans l’un l’autre regarder.
      Elas ! elle s’esbastoit.
Et bonne chiere faisoit
À tous autres, fors qu’à moy ;
Dont mon cuer fort souspiroit,
Quant elle me regardoit,
Je vous jure par ma foy.
      Dont sourdit grant jalousie,
Car elle ne créoit mye
Que n’eusse fait autre amye ;