Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/267

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BALLADE.

     Bien puis dire souvent elas !
Comment m’est il mesavenu !
La mort, que moqué ne m’a pas,
La belle bonne m’a tollu,
Et m’a laissié depourveu
De tous les biens qu’avoir souloye,
Tout plain d’ennuy, sans point de joye ;
Sy pry à Dieu qu’en son manoir,
L’ame de soy tout droyt envoye
Ont la puisse briefment véoir.
     Helas ! amy, d’un de ses dars
Soudainement Mort m’as feru ;
De mon meschief je n’ose pas
Faire semblant qu’ay receu.
Or, ay je bien trestout perdu,
Car seulement quant je pensoye
De la véoir m’esjoïssoye.
Ou près, ou loing et main et soir ;
Or à présent, estre vouldroye
Ont la puisse briefment véoir.
     Hé ! Dieu d’Amours trop pugny m’as
Sans toy me sera bien deceu,
Quant me souvient qu’entre ses bras
Amy tout seul m’ot retenu
Mon cueur et moy si bien pourveu ;
Estre tout sien lui promectoye
Tresloyaument, et lui disoye :
Vueillez vostre amy recevoir ;
Or à présent estre vouldroye
Ont la puisse briefment véoir.


EXPLICIT LE LAY PITEUX